Hommage à Jean-Marie Pelt

Sabine et Xavier Campion écologie …

30 déc. 2015

Jean-Marie Pelt

On croirait que ce scientifique passionné par l’écologie a attendu la fin de la conférence de Paris sur le climat (la « COP 21 ») pour s’en aller. On peut espérer que –si imparfaits soient-ils- les résultats lui auront procuré quelque réconfort.

Né en Moselle en 1933, Jean-Marie Pelt s’est éteint à Metz, ville dont il a été le « piéton », le 23 décembre. Pharmacien, biologiste, botaniste et écologue (fondateur dès 1972 d’un Institut européen qu’il a présidé, voué à cette discipline), cet universitaire s’est fait connaitre du grand public par ses livres comme par ses émissions radiophoniques et télévisuelles. On ne compte plus les ouvrages, à la fois solides, clairs et agréables qu’il a consacrés aux plantes, à leur histoire, à leurs amours, à leur vie sociale et, pour résumer, à leurs civilisations ; un peu comme il existe des civilisations humaines, il existe des civilisations végétales qui ne le cèdent en rien aux autres.

Jean-Marie Pelt avait été convié à livrer ses réflexions à l’occasion du second forum réuni à Vendôme, il y a six ans dans le cadre de la préparation de l’Agenda 21 dont il était le parrain. Nous disposons du compte-rendu publié par « Au Fil du Niclos » dans sa livraison n°18 (décembre 2009).

La relation du « Fil du Niclos »

Jean-Marie Pelt avait d’abord constaté que le développement durable s’opposait à un autre mode qui ne peut être qualifié de durable puisque les ressources exploitées sont proches de l’épuisement. « Nous nous trouvons face à un paradoxe : alors que dans le passé, il était nécessaire de produire pour consommer, il faut maintenant consommer pour produire avec ce que cela implique en termes de rejet de déchets et de pollution. » Jean-Marie Pelt avait résumé la situation dans une formule frappante : « La nature est un réservoir qu’on vide et un dépotoir qu’on remplit. »

« A Copenhague (l’une des conférences qui ont précédé celle de Paris) les représentants de toute l’humanité se sont réunis pour adopter, en principe, des mesures concrètes et chiffrées : on peut à la limite discuter de la réalité ou des causes exactes de l’effet de serre et du réchauffement climatique ; quand bien même l’effet de serre serait un mythe (1), il n’en faudrait pas moins économiser les ressources naturelles et recourir aux ressources renouvelables. »

En passant, Jean-Marie Pelt avait mis à mal une idée répandue mais erronée : « ce n’est pas la planète qu’il faut sauver (elle en a vu bien d’autres !) mais l’humanité ! Alors que le réchauffement climatique monopolise l’attention, subsiste un énorme problème : celui de la faim dans le monde ; la conférence de Rome sur ce sujet, n’a pas suscité le même intérêt que celle de Copenhague . »

Il faut donc agir autrement, dans tous les domaines, comme l’a prôné l’ Agenda 21 : à côté d’une « croissance verte », sélective, il faut réserver une place majeure à la solidarité aussi bien transversale qu’avec les générations futures.

Force est de constater qu’un certain modèle social français a disparu, que l’écart entre revenus s’est accru et que la compétitivité a surclassé la solidarité.

Si Jean-Marie Pelt avait opportunément rappelé la nécessité d’un versant social du développement durable et les exigences de la solidarité et de l’équité, il y avait ajouté celle du respect de la diversité dont la nature nous donne l’exemple (comme en matière de coopération) : il existe 1 800 000 espèces connues sur un total qui pourrait s’élever à 5 ou 10 millions.

« En conclusion –avait-t-il affirmé- l’avenir de l’humanité passe par la restauration des liens avec la nature, le maintien de la chaîne alimentaire, la coopération en face de la technologie et de l’incitation à consommer, en résumé, par ce que l’on a appelé « la sobriété heureuse » : beau programme ! »