La Commanderie Saint-Jean à Artins

La Commanderie Saint-Jean à Artins

   Les questions concernant les premiers temps de la Commanderie hospitalière d’Artins sont nombreuses : si l’on retient une date haute pour sa création (vers 1130), l’établissement a vécu pendant un siècle et demi dans une sorte d’anonymat : aucun document concernant sa création, ses acquisitions ni ses obédiences ; les litiges fréquents avec les voisins laïcs ou ecclésiastiques (sur le bornage des terres, le partage de droits ou de dîmes) comme avec la parentèle des donateurs  (« columniae » ou revendications diverses) n’ont laissé aucune trace jusqu’en 1281.

                L’on peut supposer qu’il existe une relation entre le site de la Commanderie et le tracé de la voie antique Paris-Chartres-Tours, empruntant le pont romain du Vieil-Artins (détruit en 1555), désormais fréquentée par les pèlerins de Saint Jacques de Compostelle ; à peu de distance, ce grand chemin croisait la voie gauche de la vallée du Loir.

               Non loin, à quelques centaines de mètres, se dressait à l’ouest le Manoir de la Roche-Turpin qui dominait également le village du Vieil-Artins établi sur la rive opposée du Loir.

L’implantation des Hospitaliers              

                Rappelons que l’Ordre de Malte descend (après les « Chevaliers de Rhodes » ) de celui des Hospitaliers de Saint  Jean de Jérusalem créé après la prise de la ville par les croisés en 1099 par Gérard dit l’Hospitalier et approuvé en 1113 par une Bulle de Pascal II ; ce texte consacrait  l’indépendance et le caractère international, par affiliation des hospices européens, de l’établissement placé sous la protection du Pape ; une vocation militaire devait lui être reconnue par la suite (en 1136 ou vers 1160 suivant les sources).

             Les Hospitaliers précédaient d’une vingtaine d’années les Templiers fondés par Hugues  de Payns en 1120 et approuvés en 1129.

              En ce qui concerne la maison d’Artins, il semble qu’aucun document de nature à préciser les circonstances de sa création n’ait été retrouvé à ce jour (les archives de la Commanderie qui relevait du Grand Prieuré d’Aquitaine, sont conservées à Poitiers qui était son chef-lieu ).

              En bonne logique, il faut distinguer deux actes, une donation (bâtiments, terres, droits seigneuriaux, rentes, redevances, éventuellement serfs) permettant l’existence d’un établissement, ensuite l’érection de celui-ci en commanderie.

              S’agissant de l’auteur de la donation, Foulque le Jeune (1095-1143), comte d’Anjou et du Maine, eût pu faire un bon candidat, pour des raisons de chronologie et parce qu’il était lié à la Terre Sainte : toutefois, à l’exception de Trôo, il n’avait aucune possession dans la vallée du Loir.

               Il faudrait donc accorder le bénéfice de cette donation aux seigneurs d’Artins, donc aux Turpin, possesseurs du manoir voisin ; dans ce cas et toujours pour des raisons de chronologie, je pencherais pour Gui Turpin  I° plutôt que pour son frère aîné Fromond : l’existence du second n’est plus attestée après 1100, celle de Gui l’étant encore en 1130 ; nous savons de plus que celui-ci, en 1110, avait engagé une part de dîme auprès de la Trinité de Vendôme en vue de partir pour Jérusalem (Barthélémy pp.701-702) : s’il est effectivement allé en Terre Sainte, il a pu connaître les premiers chevaliers de l’Hôpital et s’en souvenir par la suite.                                                                               

            Rien n’empêche, toutefois, que la donation soit postérieure, disons à 1130, l’histoire de la Commanderie n’étant pas documentée avant 1281 et celle des Turpin l’étant très peu pour le XIIème siècle ; la présence du blason des Turpin dans la chapelle disparue ne permet pas nécessairement de remonter à Fromond ou à son frère ; elle peut aussi bien renvoyer à l’un de leurs descendants.

           Par ailleurs, le terme de « donation » s’applique à une libéralité, acte unilatéral à titre gratuit (sauf contrepartie religieuse) ; il aurait aussi pu s’agir d’un don en gage, d’un don à rente…

           Enfin, relevons que les règles du droit féodal requéraient le consentement ou l’intervention du suzerain, le comte de Vendôme.

          Il faut noter que les rapports entre les Turpin et la Commanderie n’ont pas toujours été excellents puisqu’en 1281 un arbitrage rendit aux Hospitaliers des terres illégalement défrichées par le Seigneur Guillaume III mais reconnut à celui-ci le droit de chasse et de garenne hors du clos de la Commanderie proprement dite. Incidemment ce texte enlève toute possibilité d’attribution de l’établissement aux Templiers.

                                                                                                    (A suivre)

                                                                       Xavier Campion

Ce texte a été publié en 2009 dans le mensuel "Au Fil du Niclos"

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