La Commanderie Saint-Jean

La Commanderie Saint-Jean

 

La Commanderie

   Supposons résolue la question de la donation, demeure celle de la Commanderie.

          Qu’est-ce qu’une commanderie ? Il s’agit d’abord d’une sorte de circonscription administrative propre aux ordres militaires (également dénommée « baillie » par les Hospitaliers) et, par suite, du chef-lieu de cette circonscription qui comprend également d’autres maisons ou exploitations secondaires, « les membres ». En  1373, l’Hôpital comptait en France 106 commanderies et 397 « membres subordonnés ».

         Quand et pourquoi Artins fut-il érigé en commanderie ? Pour le moment, il est difficile de le savoir, la liste des commandeurs ne remontant pas au-delà de 1281, date à laquelle Thomas Bac fut partie à la transaction avec Guillaume III Turpin.

         Il s’agissait d’une décision interne à l’Ordre qui supposait qu’Artins disposât par lui-même de biens et de revenus importants, et aussi d’un réseau d’établissements secondaires : à l’exclusion de  Villavard, alors templier, et peut-être de Le Boulay, ceux-ci étaient situés hors du Vendômois, dans le Maine (Marçon, Cogners, Château-du-Loir) et l’Anjou (Epeigné-sur-Dème) ; retrouver les actes en vertu desquels ces domaines sont devenus propriété de l’Ordre permettrait d’obtenir un élément de réponse.

        Faute de preuve écrite, l’on est réduit à s’appuyer sur la présence de la chapelle, détruite depuis longtemps, mais visitée auparavant par des érudits du XIXème ; ceux-ci ont daté l’édifice du XIIème siècle (1): on peut  supposer qu’il n’aurait pas été à sa place  dans une simple exploitation rurale : il lui fallait un desservant et une fréquentation suffisante.

La Commanderie hier et aujourd’hui

          De la route qui venant de Couture arrive au Plat d’Etain, lieu-dit aujourd’hui occupé par le nouveau village d’Artins, l’on peut facilement confondre les vestiges du Manoir de la Roche- Turpin et ceux de la Commanderie toute proche : Même situation, alors  isolée, près du faîte du coteau dominant la vallée du Loir, même assise des bâtiments sur une sorte de terrasse soutenue par une partie des anciens murs d’enceinte, même présence d’une tour, même arrière-plan de caves et de Carrières. Tous deux ont subi le même sort à la Révolution : vente, démembrement, transformation au gré des besoins et des commodités de l’exploitation agricole ; il est probable qu’on aurait déjà eu peine à reconnaître en 1791 les constructions du Moyen Age surtout si la Commanderie avait été donnée à bail ou affermée depuis longtemps.

            A l’origine, la Commanderie devait se présenter comme une grosse ferme avec quelques particularités : à côté des bâtiments agricoles, un logis pour le commandeur, une salle capitulaire, peut-être une hôtellerie, une chapelle, probablement un cimetière. L’ensemble devait répondre aux exigences d’une vie communautaire  et d’une vocation économique puisque l’établissement devait pourvoir aux besoins de l’Ordre, notamment en Terre Sainte.

            On peut supposer que la tour signalait le logis du commandeur ; la présence d’une chapelle est attestée ; à proximité de celle-ci devait se trouver un petit cimetière réservé aux membres de l’Ordre, éventuellement aux bienfaiteurs ; par  ailleurs  l’existence d’une porterie parait probable si l’on se réfère au cadastre de 1824 ; au sud, sur le coteau subsiste la base d’une tour à usage de pigeonnier ; si le puits a été comblé, il existe une dizaine de caves qui ont pu fournir  les matériaux  de construction avant d’être utilisées à d’autres fins.

           Enfin, si la Commanderie n’était pas fortifiée à proprement parler, elle était close de murs comme l’indique le texte de la transaction de 1281.

           Au XIXème , les érudits mentionnés plus haut ,J. de Pétigny et G.Launay, ont décrit le seul édifice qui, quoique transformé en grange, était parvenu à peu près inchangé  depuis le Moyen Age  jusqu’à sa destruction en 1875.                                                                                          

          La chapelle était composée d’une nef voûtée  en berceau et d’un chœur terminé par une abside à trois pans couverte par une voûte d’ogives ; cinq fenêtres romanes éclairaient le chœur, quatre la nef. Au-dessus du portail, une niche abritait une statue de Saint Jean (également présent dans une fenêtre de la tour). L’intérieur était recouvert de peintures murales. Un Christ en gloire décorait l’abside, au-dessus, dans les embrasures des fenêtres figuraient les 12 apôtres ; à droite du chœur, le sacrifice d’Abraham et  la légende de Saint Nicolas ; sur le doubleau étaient peints les travaux champêtres des différentes époques de l’année. Deux panneaux de la nef représentaient l’un une barque d’où un personnage se jetait à l’eau pour en sauver un autre en train de se noyer, l’autre deux cavaliers dont l’un portait les armoiries des Turpin.

          Ces fresques, comparables à celles de Saint Jacques des Guérets ont pu être datées du XIIIème siècle.

          Evidemment, un dernier mystère subsiste : l’emplacement de la chapelle car, suivant le relevé du cadastre de 1824, le seul bâtiment séparé est la tour à usage de pigeonnier ; il faut alors croire que la chapelle avait été reliée au corps principal, sans doute dans sa partie est.

Aujourd’hui, autant dire   que la Commanderie, d’ailleurs partagée entre plusieurs propriétaires ,ne peut revivre que par un effort d’imagination ; celui-ci trouve facilement appui sur le site qui offre une superbe vue sur la vallée du Loir, le charme particulier d’un lieu clos, quelques vestiges dont la tour et le pigeonnier, enfin les caves dont l’une abrite une étable impressionnante qui a conservé son aménagement.

                D’une certaine façon, la Commanderie a retrouvé une  vocation hospitalière modernisée grâce à la  famille Huguet : Patrick, Elisabeth et Nadège qui l'ont transformée en maison d'hôtes.

                En outre, ils ont entrepris des recherches qui ont donné des premiers résultats ; en quête de tous documents ou témoignages qui permettraient de mieux connaître l’histoire ancienne ou récente de la Commanderie, ils remercient ceux qui pourraient leur apporter aide et conseils.          

                                                         

(1)Mes sources sont de seconde main ; un auteur attribue la chapelle au XIème siècle : ou il s’agit d’une coquille ou il fallait penser qu’elle faisait partie de la donation.

                                                                                                                                (A suivre)

                                                                                               Xavier Campion

#CommanderieSaintJeanArtins #Artins #FamilleHuguet

Vous pouvez suivre le Mille-Pattes sur :

Facebook :          https://m.facebook.com/pages/Le-Mille-pattes-Campion/1597797927138358?ref=tn_tnmn&__nodl

             

Twitter:       https://twitter.com/LPattes                              

Et nous contacter via :

overblog41@gmail.com

 

 

Retour à l'accueil