Prévention en santé : Coup de balai sur les erreurs médicamenteuses !

« En France selon les chiffres de la sécurité routière, 4000 personnes trouvent la mort tous les ans dans un accident de la circulation. Dans le même temps, un rapport remis au ministère de la santé estime à 10 000 le nombre de morts liés aux médicaments. Une grande partie de ces décès est due à une erreur médicamenteuse. De plus, 13 0000 personnes seraient hospitalisées suite à un événement indésirable grave lié aux médicaments. Cette catastrophe sanitaire silencieuse a un coût : près de 4 millions d’euros par an. Pourtant à l’image des moyens déployés pour lutter contre le nombre de morts sur les routes, il existe des solutions pour diminuer le nombre des victimes suite à une erreur médicamenteuse " (1) : L’analyse pharmaceutique par le pharmacien lors de l’étape de dispensation, les entretiens pharmaceutiques et l’éducation thérapeutique du patient, la conciliation médicamenteuse. L’Organisation Mondiale de la Santé a récemment lancé un défi à grande échelle pour réduire de 50 % en cinq ans les erreurs médicamenteuses.

Un exemple très parlant et bien connu de médicaments incriminés : Les anti-vitamines K (AVK) ! Ce sont des médicaments anticoagulants utilisés par 1,7% de la population française. En effet, en 2009, 22% des événements indésirables graves médicamenteux étaient causés par les AVK. Le nombre d’hospitalisations iatrogènes lié aux AVK est estimé à 17 000 par an. L’Agence Nationale de Sécurité des Médicaments diffuse régulièrement des recommandations pour prévenir cette iatrogénie médicamenteuse évitable, en particulier chez la personne âgée. Les AVK ne constituent pas la seule classe pharmacologique responsable d’événements indésirables graves liés aux médicaments ; les démarches de prévention en matière d’utilisation des médicaments dits « à risque iatrogène » permettent de garantir un niveau de sécurité optimisé et d’éviter souvent des hospitalisations qui entrainent une prise en charge plus lourde, fragilisent aussi les patients, et engendrent un coût supplémentaire.

Les entretiens pharmaceutiques permettent aux patients de mieux connaître leur traitement et de trouver souvent auprès de leur pharmacien des réponses à leurs interrogations et des solutions face à des effets indésirables qui contribuent fortement à une mauvaise observance et donc à un échec thérapeutique. Néanmoins ces entretiens pharmaceutiques ne semblent pas effectués à grande échelle ni en pharmacie de ville, ni au sein de l’hôpital. Des financements encore trop timides semblent néanmoins prévus pour le suivi des patients sous AVK ou des patients asthmatiques.

Des programmes d’éducation thérapeutique (ETP) permettent aussi aux patients, par une approche cette fois-ci pluridisciplinaire, de gagner d’avantage en autonomie et d’atteindre des objectifs qu’ils fixent avec les professionnels de santé (médecin, pharmacien, infirmiers ...). Cette démarche prend en compte le milieu environnemental et socio-économique dans lequel évolue le patient pour l’élaboration du diagnostic éducatif (perception de la maladie par le patient) et la détermination des objectifs à atteindre. Elle permet aussi d’appréhender les difficultés que pourrait rencontrer le patient lors de la prise de ses traitements. Malheureusement, ces programmes d’ETP, dont les autorisations de mise en œuvre sont soumises aux Agences Régionales de Santé (ARS), ne sont pas toujours pérennisés faute de moyens (manque de ressources humaines le plus souvent). Pourtant leur intérêt en termes de santé publique a largement été démontré et les formations dans cette voie se sont multipliées ces dernières années. Un paradoxe : les professionnels de santé, souvent convaincus par l’intérêt de la démarche pour les patients, suivent des formations assez coûteuses, mais ne peuvent ensuite mettre en application ces programmes de façon pérenne.

Une équipe médicale (cardiologie) et pharmaceutique d’un Etablissement des Hôpitaux de Paris (AP-HP) a clairement mis en évidence l’intérêt pour le patient d’un relais pharmaceutique entre la ville et l’hôpital2. En effet, si le virage ambulatoire est annoncé par les pouvoirs publics, les actions menées à l’hôpital et en ville ne sont pas systématiquement coordonnées. Quand, au mieux, des actions de prévention aux erreurs médicamenteuses sont initiées en milieu hospitalier, leur relais en ambulatoire n’est pas toujours organisé à la sortie de l’hôpital du patient et inversement.

Les professionnels de santé devraient dresser de façon exhaustive en utilisant différentes sources la « liste » des médicaments à chaque point critique du parcours thérapeutique du patient (à l’admission à l’hôpital et au moment du retour à domicile), une conciliation médicamenteuse indispensable, afin par exemple d’éviter tout arrêt brutal d’un traitement ou une redondance pharmacologique (instauration de deux médicaments qui auraient le même effet). Mais malheureusement, là encore, cette démarche reste trop peu mise en œuvre sur le terrain, faute de moyens le plus souvent.

Structurer la relation ville-hôpital en amont, avec les professionnels de santé hospitaliers et libéraux, au sein des maisons de santé pluridisciplinaires aussi, et déterminer un parcours thérapeutique, avec le patient acteur, facilité par les outils du numérique, permettrait une autonomie renforcée de ce dernier, un objectif thérapeutique plus facilement atteint et des prises en charges ultérieures potentiellement moins coûteuses (probable diminution du nombre d’hospitalisations pour une cause médicamenteuse).                                                                                                                              Béatrice ALLARD-LATOUR, pharmacien.

Références:

1-ERMESS - ERreur MÉdicamenteuse & Sécurité des Soins…, E. Dufay, S. Doerper. Éditeur accès libre.

2-Suivi des patients traités par AVK, intérêt d’un relais pharmaceutique entre l’hôpital et la ville D.BIDON, A. LECOEUR, E. SEGUI, N.SEGUETTE, F. LE MERCIER, S. BAULER. Annales Pharmaceutiques Françaises (2017) 75, 43-53

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